DES REVUES HOMO ??

Publié le par scape

Les Kiosques à journaux, les Librairies regorgent de titres divers et variés au milieu desquels j'ai parfois du mal à retrouver le sens de la marche. Je n'arrive définitivement plus à m'investir ou à m'intéresser à la "presse gaie"  aujourd'hui. De Tétu à Pref, sans parler du nombre incalculable de revues spécialisées plus ou moins X, il s'agit vraiment d'une autre planète...

Sans remettre en cause l'aspect essentiellement futile de ces titres (il faut parfois une certaine dose de légèreté tout de même !!), j'ai cependant tendance à regretter l'uniformisation galopante de cette presse, et l'absence quasi-généralisée de titres plus axés vers la recherche (toutes disciplines confondues) ou une actualité un peu plus en phase avec notre société.

Bien sûr, il ne serait plus possible aujourd'hui d'éditer un numéro comme celui de Recherches,  à mi-chemin entre le travail universitaire, la revendication à tout crin, et les débordements de son époque !! Le pavé dans la mare fut tel que la revue fut tout de même saisie et interdite.  J'aurais du mal à imaginer ça aujourd'hui, non pas que les moeurs aient évolués à ce point, mais tout est si policé, si sage....

Dans mon souvenir, le fameux musée de Charles Pasqua, et l'interdiction de Gai Pied Hebdo ne sont pas si loin......

Sans retourner aux temps immémoriaux de Arcadie, une revue comme Masques a également marqué son temps. Estampillée "culturelle", la revue reste selon moi un exemple. Ouvrant ses pages à toutes les formes d'expression, elle marque peut-être une autre sorte de visibilité. Moins d'excès et plus de réflexion. Masques, une revue intello pour une élite gaie, sans doute, mais que d'ouvertures : sur la littérature, la poésie, le cinéma, le théatre, les arts, toutes formes d'expressions dont aujourd'hui on dirait qu'elles forment l'assise de la "culture gay".

Les aspects politiques et sociaux de ces ouvertures ne sont certe pas à négliger non plus. Dans l'optique d'une réflexion toujours accrue, la revue s'engageait vers une acceptation totale de l'homosexualité dans la société française, et si les années 80 ont connu une certaine flamboyance, il ne faut pas oublier que les premières ombres du sida s'ajoutaient au tableau.

Différence d'époque et différence de traitement. Cependant j'aimerai pouvoir trouver aujourd'hui une revue dont les dossiers soient aussi complets, et ce dans n'importe quelle discipline.  L'image que l'on donne des homos aujourd'hui est souvent celle d'un carcan, lui même crée par nos soins. Il me semble nécessaire de retrouver l'aspect social et surtout politique de nos différences. 

         

Encore deux autres revues de très haut niveau, mais dont l'une a déjà disparu il y a quelques années (la Revue H). Nous arrivons quasiment dans le domaine universitaire, dans le domaines des recherches, des "gay and lesbians studies".

Ces revues aussi ont effectué un travail extraordinaire, travail que poursuit Inverses, essentiellement dans le domaine de la littérature et de la critique.  Il s'agit là d'une approche différente de l'homosexualité, une approche intellectuelle certes, mais totalement ancrée dans une réalité et une évolution constante.  Pour ma part, j'attends chaque parution de Inverses avec impatience. Chaque numéro (annuel) est un concentré d'intelligence, et détermine dans les mois qui suivent bon nombre de mes lectures.   

  Pour finir, j'ai tout de même une pensée pour Ex Aequo, revue elle aussi disparue, et qui pendant un temps m'a donné l'illusion que Gai Pied Hebdo avait ouvert une brèche dans l'histoire de la presse, et que celle-ci ne pouvait se refermer aussitôt. Digne successeur que ce magazine mensuel qui a osé tous les sujet, y compris ceux qui fachent, qui a osé la légèreté dont je parlais plus haut, mais sans jamais tomber dans le "prêt-à-penser"  ou le politiquement, culturellement  ou le "gay-ment" correct.

Tout ça m'a l'air d'être un article tendance vieux schnock, tendance "c'était mieux avant", etc, etc ..... Nos intérêts évoluent certes, et l'âge aidant, il est peut-être aussi normal que je ne me reconnaisse plus dans les titres actuellement édités et diffusés. J'aime à croire cependant que des gens continuent à travailler et à réfléchir dans le même sens.

A l'heure actuelle, à l'heure des traductions, certes tardives, des ouvrages de Judith Butler ou de Georges Chauncey, je regrette qu'aucune université, qu'aucun collectif d'enseignants ou d'étudiants ne prennent le risque d'un tel pari, celui d'une revue, ouverte et engagée, où les recherches sur le genre, sur l'homosexualité ne soient mises en avant et discutées, où l'histoire cotoierait la sociologie, l'anthropologie la politique ou la psychanalyse.

Remarquez, au lieu de raler, je devrai plutôt m'y mettre.

Avis à toutes les bonnes volontés !!

Publié dans Marge

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