DANS L'ATTENTE
Dans l'attente et dans le bruit, assis dans un coin, chaise à rebords, le temps s'allonge bruyamment entre les cris d'un enfant et les pages froissées des journaux.
L'heure tourne inexorablement, et je patiente toujours et encore. A côté de moi les ressentiments commencent à poindre et à s'exprimer sans retenue.
"Dis-donc, tu mets un mois et demi pour obtenir un rendez-vous, et en plus il se permet de ne pas être à l'heure...." "C'est vraiment pas correct..." "Nicolas tu t'asseois ici ou alors j'te fous une baffe ...!!"
Le gamin continue à piailler, tout en jouant avec une sorte de peluche sans âge qui émet à intervalles réguliers toutes sortes de bruits, borborygmes guturaux plus indéfinissables les uns que les autres, un peu à l'image d'un Dark Wador asthmatique...
Ca tourne, ça tape des pieds, ça s'énerve. Madame tente de calmer le jeu en élevant de la voix, toujours plus stridente, Monsieur s'en fout et pianote sur son téléphone portable, imperturbable.
Un bien joli petit monde, enfermé comme il se doit dans une salle d'attente de 4 mètres sur 3. Un condensé de vie face à cette même attente. Le bruit se poursuit avec des hauts et des bas. Le calme apparent de cette salle d'attente, avec sa petite table en bois vernissé Ikéa et sa malheureuse plante verte dont les feuilles n'en finissent pas de jaunir à vue d'oeil, renferme de fait nombre de souffrances et d'impatiences. J'oppose pour ma part (en silence) ma pierre à l'édifice.
Une salle où viendrait mourrir nos attentes, et au coeur de laquelle je reste stoïque, droit sur ma chaise, faussement et chichement design...
Une salle d'attente comme une boite secrète et acpitonnée. Un endroit hors du temps bien sûr, puisqu'ici, le temps ne peut s'échapper, il s'étire à grand peine, se cogne contre la vitre fermée, s'allonge, s'extirpe et puis retombe, seconde après seconde, dans ses cruelles habitudes, d'aiguilles qui tournent, de minutes qui passent, de sans fin....
comme dans une salle d'attente
où l'on attend
sans fin
que passe le temps.....