PAROLE, PAROLE, PAROLE

Publié le par scape

Parler fort et/ou parler vrai.

Il nous faut nous exprimer. Le verbe haut, la parole aisée, nous donnons de nous-mêmes une image tellement maîtrisée.

Que l'on soit tribun ou beau parleur, chantre de la rhétorique ou bavard impénitent, la parole se doit d'être calculée, millimétrée. Elle doit dire sans dévoiler, annoncer sans révéler.

 

Dans l'entreprise, dans la rue ou dans une soirée, l'on nous demande d'exprimer, de nous exprimer : la parole se pavoise alors et s'enrobe.

 

Volutes verbales et joutes linguistiques, le mot se masque et se colore afin d'apprivoiser ou d'envouter tel ou tel auditoire.

Le ton respectueux, sans un mot plus haut que l'autre, nous voilà au coeur de la représentation sociale.

Donner l'impression coûte que coûte.

Parler pour occuper.

Parler pour briller.

Dépossédés des mots, l'intime conviction au fond de la poche, nous sommes ainsi contraints de participer à la mascarade. Pas de repli possible, l'on nous impose d'en imposer.

La trahison est totale. Le mot est définitif.

Je me retire du jeu, car ces mots-là m'effraient.

Donner l'impression, Sembler être : il y a trop de flou dans de telles situations.

Dans la marge j'enferme mes mots, pour sans doute y réfléchir un peu trop. Dans l'espoir que ceux-ci se bonnifient, et n'offrent dans une courte lumière que leur meilleur profil.

 

Publié dans Humeurs

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P
et puis viendra le mot qu'un autre illumera parce qu'il aura su l'employer, Mme de Sévigné là-dessus m'en a tant montrés.
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