COLERE

Publié le par scape

Lorsque j'ai vu la colère, ce sont les yeux qui m'ont donné le ton.

Il ne s'agissait pas d'un jeu, mais de la mise en scène d'un défi, d'une offense.

Lorsque j'ai vu la colère, j'ai deviné à quel point la feinte était dangereuse, à quel point il était pernicieux d'être en permanence le premier à craquer l'allumette.

Lorsque j'ai vu la colère, j'ai compris qu'aucune parole ne serait appaisante, que rien ne pourrait adoucir la décision de jouer avec le feu.

Lorsque j'ai vu la colère, il était déjà trop tard et le rouge monté aux joues n'était plus qu'un signe extérieur.

La volonté de provocation s'était  transformée et hurlait réparation.

Lorsque j'ai vu la colère, ma honte a baissé les yeux, fermé les paupières à double tour.

La honte que je ressens est celle que l'autre a oublié. La honte de commettre, la honte de lever le bras. La honte d'en arriver à exister par la seule entremise de ce poing fermé.

J'ai honte de son absence de honte.

Alors mon poing se ferme lui aussi, et s'enfonce plus loin dans ma poche. Les jointures serrées, comme pour me protéger alors de ma propre colère.

Publié dans Humeurs

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